Samuel Nnorom : Points of Departure

Du 13 mai au 17 juin 2023
Samuel Nnorom : Points of Departure
Artiste émergent de la scène artistique nigériane, Samuel Nnorom présente pour la première fois son travail à la galerie Art Mûr. Ses œuvres, entre installations, tableaux et sculptures, nous plongent dans un univers qui retrace les complexités de l’émigration. Points de départ est une exposition qui réunit les cœurs exilés dans un élan de solidarité.
L’œuvre de Nnorom est marquée par l’utilisation des tissus imprimés africains, communément appelés wax ou Ankara. Ces tissus représentatifs de l’Afrique de l’Ouest, sont caractérisés par leur couleurs éclatantes et par leurs motifs aux symboliques fortes. La particularité de ce textile réside aussi dans sa fabrication ; inspirés du batik indonésien, les imprimés africains utilisent de la cire pour définir le motif en négatif. Ce tissu, s’il est aujourd’hui très populaire, est à l’origine réservé aux notables. Il est très cher et les motifs eux-mêmes sont évocateurs du statut social de la personne qui le porte.
L’utilisation de l’Ankara dans le travail de Nnorom porte un message politique et social fondamental pour comprendre l’ensemble de son œuvre. Si le tissu est maintenant un symbole des cultures d’Afrique de l’Ouest, son histoire est concomitante avec celle de la colonisation du continent et reste un symbole du monopole économique des européens en Afrique. En effet, le wax est importé par les anglais et les hollandais en Afrique et conquiert rapidement le marché Ouest africain avec des productions de masse jusqu’à asphyxier les productions locales et traditionnelles. Après avoir arraché leurs indépendances aux empires européens, la fabrication du textile devient un véritable enjeu économique et diplomatique pour les pays d’Afrique de l’Ouest.
C’est dans un élan de retournement du stigmate que Nnorom s’approprie le textile comme médium : il affirme par là son appartenance et sa fierté de la société nigériane. L’artiste nous amène à réfléchir aux notions d’héritage et de transmission à travers l’histoire des tissus.
Par des formations organiques – semblables à des ruches – Nnorom représente la complexité du corps social, politique et économique. Il donne à voir les systèmes et les individualités prisent dans ces derniers. Refusant les interprétations binaires et simplistes du monde, le travail de Nnorom se situe à la lisière entre la communion et la séparation.
Points de départ est alors une réflexion sur la migration qui représente un point de rupture douloureux pour la plupart des émigrants du Sud global. Mais le déplacement est aussi un horizon et un chemin qui provoque l’entraide entre les personnes. À l’image de son médium, Nnorom reprend le contrôle du discours et sublime les plaies liées à l’histoire des impérialismes.
– Texte de Dounia Bouzidi
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May 13 to June 17, 2023
Samuel Nnorom: Points of Departure
As a child growing up in Nigeria, Samuel Nnorom’s artistic sensibilities emerged from observing the creative processes of his father, a shoemaker, and his mother, a tailor. Realizing his natural propensity for life drawing and sewing through these early explorations, Nnorom later developed his artistic skillset in art school, apprenticeships, and residencies. An element of his practice that has remained constant throughout his career is his dedication to textiles and their capacity as social agents in society.
Points of Departure presents a new body of textile sculptures made from Ankara/African wax fabric sourced from tailors or from off-cast clothing that is wrapped around recycled foam into balls or “bubbles” of various dimensions. These textile orbs are formed into clusters that appear like dense land masses with differently coloured textiles suggesting people, mountains, streams, islands, and peninsulas. Ankara fabric has a unique origin story; while it came from the Dutch who manufactured the wax cotton for the Indonesian textile market, its eventual descent into Central and West Africa during the 19th century was where the fabric flourished and became iconic of the Region. Ankara fabric is popular in clothing, particularly dresses, shirts, and headscarves, and is known for its bold prints and bright colours.
As a fabric that is used to drape the body, it is noteworthy that Nnorom sees the weft and weave of his fabrics as akin to a social structure. In his latest work, Nnorom looks at how his sculptures can be considered a metaphor for a “fabric of society,” made up of individual lives united in space. In particular, Points of Departure explores human survival through processes of migration, considering how the involuntary upheaval of human lives connects people despite their social or cultural backgrounds. For him, the history and social statement relayed in each Ankara fabric print becomes a visual language much like a written text.
Nnorom’s work intersects the boundaries between tapestry, painting, and sculpture, similar to the way his work surpasses the bounds of representation, symbols, or exact points of reference. The methods he uses to cluster the orbs in space vary greatly: some are densely packed like Brothers Keeper (2023), while others are spaced apart and connected by web-like tendrils as seen in Throw and Catch (2023) and Meeting Points (2023). The multitude of variations through colour, scale, and form demonstrate Nnorom’s capacity to push his chosen material and artistic strategy into infinite directions. The exhibition title, Points of Departure, is an apt sentiment for not only his interest in the intersection between textiles and human migration but for how this exhibition showcases the artist’s propulsion towards this new direction in his practice.
– Text by Andrea Valentine-Lewis